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Culture

Lionel Baier troque la caméra pour une scène de théâtre

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Le réalisateur Lionel Baier pose dans le décor de la pièce de théâtre "Foucault en Californie", qu'il met en scène au Théâtre de Vidy à Lausanne, en adaptant le livre de Simeon Wade. La première a lieu vendredi soir. (© KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT)

Le réalisateur romand Lionel Baier lâche la caméra le temps de monter "Foucault en Californie" au Théâtre Vidy à Lausanne. Le rideau s’ouvre vendredi soir.

Michel Foucault se rend en Californie en 1975. Il se laisse entraîner par un jeune universitaire et son ami musicien dans un road trip sous LSD dans la Vallée de la Mort. Le réalisateur Lionel Baier a choisi cette histoire pour sa première mise en scène au théâtre.

"Foucault dans la Californie des années 70 et vu d’aujourd’hui, c’est un extraterrestre sur la lune", résume le réalisateur. Le verbe vif, l'oeil perçant et malicieux, Lionel Baier porte la veste et la cravate dans une esthétique année 50, comme un clin d'oeil à Godard.

"Il n'y a pas plus éloigné de notre époque que Foucault dans la Californie de 1975", reprend le réalisateur, qui a lu le texte de Simeon Wade pendant le confinement. A un moment où il se demandait ce qu'allait devenir son art, le cinéma, interdit de contacts humains.

"La Californie de 1975 nous manque"

Ce texte racontait aussi une facilité de voyager alors que les frontières étaient fermées. "J'étais en Californie avec un philosophe français à un moment où l'intelligence était sexy: il y avait un plaisir à parler de choses, à discuter. Ce monde avait l'air tellement lointain que j'ai voulu l'invoquer, comme pour l'induire dans le présent. Car la Californie de 1975 nous manque un peu aujourd'hui."

Mais pourquoi faire revenir Foucault sur scène alors que ce genre d'intellectuels à la pensée complexe a disparu? "Lui je pense qu'il nous dirait qu'il n'a rien à nous dire en 2022. Il avait une démarche assez radicale à laquelle je souscris: c'est de dire qu'il écrivait pour ses contemporains."

"Nous par contre nous nous intéressons à la pensée de Foucault. Elle peut nous permettre de comprendre pourquoi nous pensons comme nous le faisons aujourd'hui. Je vois des pistes qu'il a lancées dans les questionnements actuels sur le gender fluid par exemple. Il dit tout aussi de la société de surveillance."

La liberté des corps

Ses interlocuteurs américains attendent sa bonne parole: "Parlez-nous de philosophie Michel Foucault". Il rétorque: "Parlez-moi de vous. Racontez-moi ce que c'est qu'être jeune, Californien."

Car Foucault en 1975, ce sont aussi des jeunes hommes attirés les uns par les autres sous le ciel blanc du désert californien. Qui expérimentent le LSD et la liberté des corps loin du carcan français et européen.

Lionel Baier estime que les années 70 comme les nouvelles générations LGBTQ+ sont plus transgressives que sa propre génération, obsédée par l'intégration et le mariage homo. Et il cite l'exemple de Kim L'Horizon, ce jeune auteur bernois qui vient de gagner le prix allemand et suisse de littérature, portant haut les couleurs queer.

Le LSD fait aussi partie du voyage. "Nous nous sommes demandé ce que nous avions comme expérience partagée avec le public pour parler de cette drogue. En même temps, ce produit a sans doute amusé Foucault sans non plus amener quelque chose de marquant dans sa pensée."

Une comédienne incarne Foucault

Pour éviter l'étouffant huis clos masculin, Lionel Baier a trouvé la parade en choisissant une femme pour incarner le philosophe sur scène, la comédienne Dominique Reymond. "Je savais que je voulais jouer avec elle. Si j'avais monté le Petit Poucet, Les derniers jours d'Hitler ou un opéra, j'aurais pris Dominique Reymond: elle est capable de tout jouer".

Outre cette actrice française née à Genève, Lionel Baier a choisi trois actrices et acteurs, qui ont tous fait un passage à la Manufacture, l'école de théâtre de Suisse romande, basée à Lausanne: Laura Den Hondt, Valerio Scamuffa et Leon David Salazar.

Lionel Baier est passé du plateau de cinéma à la scène de théâtre pour répondre à une invitation que Vincent Baudriller, le directeur du théâtre de Vidy et ancien codirecteur du Festival d'Avignon, lui a lancée il y a au moins 10 ans. Le déclic s'est produit quand il a découvert "Foulcaut en Californie"."Quand vous lisez le livre de Simeon Wade, il y a un effet d'immédiateté qui me semblait propre au théâtre, le lieu du présent absolu."

Repenser sa pratique

Passer par le théâtre lui permet aussi de repenser sa pratique. "Le lâcher-prise est très grand pour un metteur en scène. Au cinéma, vous avez toujours le dernier mot au moment du montage, du mixage."

Ne craint-il pas que Foucault intimide le public? "On n'est pas obligé de tout comprendre: je ne comprends pas Mozart, mais cela ne m'empêche pas de l'apprécier."

"Comme M. Jourdain dans Molière faisait de la prose sans le savoir, on se réfère tous à Foucault sans le savoir quand on parle de caméra de contrôle, quand on est sur son téléphone portable ou son application Covid."

A une semaine du spectacle - l'interview a eu lieu jeudi 24 novembre -, Lionel Baier répond ne pas être prêt. "On n'est jamais prêt. Ce serait même ennuyeux. Tout se jouera le 2 décembre et jusqu'au 17, quand le public sera là."

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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Culture

Maison Blanche sommée de rétablir l'accès de l'agence AP

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L'agence AP avait notamment été exclue de l'avion présidentiel "Air Force One" après son refus d'appeler le Golfe du Mexique "Golfe d'Amérique" (archives). (© KEYSTONE/AP)

Un juge fédéral a sommé mardi la Maison Blanche de rétablir le plein accès de l'agence Associated Press, pilier du journalisme aux Etats-Unis, suspendu depuis deux mois.

AP a été notamment exclue du Bureau ovale et de l'avion présidentiel "Air Force One" en février pour son refus de se conformer à la nouvelle appellation du Golfe du Mexique, rebaptisé "Golfe d'Amérique" par un décret signé par Donald Trump. Le juge conclut que l'exclusion pour ce motif est "contraire au Premier amendement" de la Constitution, qui garantit la liberté d'expression.

Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp

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Culture

Un record pour un Bocion vendu aux enchères à Bâle pour 270'250.-

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Le tableau présentant des hommes chassant un animal sur le lac Léman près de Montreux a été vendu pour 270'250 francs. (© Artcurial Beurret Bailly Widmer)

L’huile sur toile "La chasse aux grèbes" de l'artiste lausannois François Bocion (1828-1890) a réalisé un record mondial lors d'une vente aux enchères à Bâle début avril. Un musée privé suisse a remporté le tableau pour 270'250 francs, après des enchères au téléphone.

Une plus petite huile sur bois de Bocion a également atteint un très beau résultat: estimée entre 8000 et 12'000 francs a été adjugée à 82'566 francs, a indiqué la maison de vente Artcurial Beurret Bailly Widmer dans un communiqué mardi.

Au total, plus de 5 millions de francs ont été récoltés après deux journées de ventes aux enchères consacrées pour la première à l’art suisse et l’art international avant 1900, et la seconde à une collection privée suisse.

Hodler et Vallotton

Toujours pour des peintres suisses, le portrait d’une inconnue de Ferdinand Hodler (1853–1918) a trouvé preneur pour 190'538 francs, et la série complète des instruments de musique de Félix Vallotton, une suite très recherchée de six gravures sur bois, a suscité beaucoup d’intérêt et fut achetée par un collectionneur privé pour un total de 63'513 francs.

Dans un autre registre, une Vierge à l’Enfant du peintre allemand Lucas Cranach l’Ancien (1472–1553) a été acquise pour 736'745 francs, dépassant très largement son estimation haute.

Et du côté des artistes français, le Paysage de Cagnes de Pierre-Auguste Renoir (1841–1919) a été acquis pour 203'240 francs par un client européen, et les deux vues d’Antibes de Paul Signac (1863–1935) ont été adjugées 260'401 francs à un acheteur français.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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Béjart Ballet: le directeur Giancarlo Sergi quitte son poste

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Giancarlo Sergi quitte la direction générale du Béjart Ballet Lausanne après moins de trois ans en fonction (archives). (© Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT)

Le directeur général du Béjart Ballet Lausanne (BBL) Giancarlo Sergi va quitter ses fonctions dans le courant du mois d'avril. Nommé en septembre 2022, l'ex-président de Swiss Basketball souhaite réorienter sa carrière professionnelle, indique mardi la compagnie.

"Cette décision a été prise d'un commun accord et dans le respect des dispositions contractuelles, par le Conseil de fondation et son directeur général", est-il précisé dans le communiqué. Arrivé il y a trois ans dans un contexte de crise, Giancarlo Sergi a su stabiliser la structure et mener à bien une restructuration en profondeur, selon le Conseil de fondation.

"Nous remercions chaleureusement Giancarlo Sergi pour le travail accompli et pour son professionnalisme. M. Sergi a su rétablir la confiance, apaiser les équipes et rétablir durablement la santé financière de l'institution", déclare Sylvie Buhagiar, présidente du BBL.

Le processus de recrutement d'une nouvelle directrice ou d'un nouveau directeur débutera dans les semaines prochaines. Un intérim sera mis en place entre-temps.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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Capitale culturelle CH 2030: six villes déclarent leur intention

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La ville de Thoune souhaiterait succéder à La Chaux-de-Fonds (NE) en tant que capitale culturelle suisse (image d'illustration). (© KEYSTONE/PETER SCHNEIDER)

Aarau, Bellinzone, Lugano, Schaffhouse, Thoune et Zoug se rêvent en capitale culturelle helvétique en 2030. Fin mars, elles ont déposé leur déclaration d'intention, confirmant leur volonté de soumettre une candidature officielle d'ici la fin de l'année.

Les autres villes ne sont désormais plus éligibles. "L'intérêt des six villes augmente non seulement la probabilité d'un choix varié pour la capitale culturelle 2030, mais démontre aussi que le concept est désormais reconnu dans tout le pays", déclare Daniel Rossellat, président de l'association capitale culturelle suisse (CCS) dans un communiqué mardi.

Avec ces déclarations d'intention, toutes acceptées par le jury national, les six villes ont franchi un premier obstacle. D'autres clarifications restent cependant nécessaires comme l'intégration des acteurs culturels de la ville et de la région, la faisabilité opérationnelle, sans oublier un budget "rigoureux", approuvé par les instances compétentes.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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